lundi 16 août 2010

DEATHMASK

DEATHMASK

Une mission tranquillou : se rendre à Tanger pour récupérer des informations auprès d'un contact nommé Farone. Or, lorsque James Bond se rend au rendez-vous, c'est pour rencontrer Farone mort. C'est sûr, il ne parlera plus. Le gredin. Mais ce qu'il y a de plus curieux, ce sont ses mains, ses pieds et son visage : ils ont littéralement doublé de volume. Farone n'est pas vilain, mais très vilain. Et pourtant, il n'avait pas la grosse tête...

Générique : les productions du Daily Star présentent une oeuvre de Jim Lawrence, illustrée par John McLusky, dans un strip quotidien s'étendant du 7 juin 1982 au 8 février 1983, nommée (roulement de tambour) Deathmask, le Masque de la Mort pour nos compatriotes qui regardent les films étrangers en version doublée (bravo, les gars!) Des noms qui claquent, un journal renommé, bref, ce n'est pas de la gnognotte.

Et ce n'est pas de la gnognotte, en effet. C'est du bon, du Bond, du James Bond. De l'héroïque, du grand. Cette fois, Lawrence revient aux sources : une enquête dans des lieux dans lesquels les RMIstes ne mettront jamais les pieds, de l'aventure avec un grand A et un méchant d'envergure, l'équivalent d'un super fonctionnaire, détestable au possible.

L'enquête : sur les lieux du crime (ben, oui, Farone s'est fait assassiner ; qu'aviez-vous cru, qu'il était mort comme Félix Faure?), Bond découvre une médaille représentant un visage, un grossier visage évoquant les comédiens de la Grèce antique. Le bijou a été réalisé par un Grec pour un impresario turc qui l'a offert à une danseuse arabo-russe qui officie dans un cabaret égyptien. 007 remonte péniblement la piste pour apprendre que la danseuse palestino-soviétique n'est pas la bonne. Y a eu substitution de personne ! Flûte ! On ne peut plus se fier à personne de nos jours (surtout en 1982) ! Bref, fin de l'enquête.
L'aventure : fort heureusement, le MI6 apprend que des guignols ont voulu faire de la plongée sous-marine en Crête. Ils étaient trois, ils ne sont plus que deux. Le dernier est mort en faisant l'amour. Non, je plaisante. Remarquez, il est bien mort, mais de la même manière que Farone : tout déformé, tout pas beau ; pas pratique pour faire l'amour, justement. Illico presto, 007 se rend en Crête. Il y fait chaud, il y fait beau. En inspectant les fonds marins, il découvre un palais édifié sous l'île. Or, il a à peine le temps de l'apercevoir qu'il est attaqué par un Minotaure robotisé (si : un Minotaure robotisé; j'suis pas un menteur, j'fais pas d'politique.) 007 s'en débarrasse avec un lance-harpon, mais un séisme bloque l'accès à la grotte menant au palais. Fin de l'aventure.

Suspense, suspense!

Un méchant d'anthologie : le Minotaure est justement l'emblème d'une grande compagnie, la Minos Limited. Elle appartient à un riche homme d'affaires nommé Ivor Nyborg. Pas de dossier sur lui, pas de photographie. C'est sûr, le gars n'est pas net. Et il ne l'est pas, en effet. Bond parvient à remonter jusqu'à lui : il loge dans le palais, sous l'île de Crête, mais ce qu'il a de particulier, c'est que son visage, ses mains et ses pieds sont difformes! Ivor Nyborg souffre d'acromégalie ! Et il n'est pas content de ça. Il est même fichtrement aigri, au point qu'il veut tous nous punir de sa laideur : il a inventé un virus qui rend les gens pas beaux, comme lui. Certes, ça rappelle un peu le complot de Dr Noah, interprété par Woody Allen dans le film Casino Royale de 1967 , qui veut annihiler tous les hommes supérieurs à un 1,60 m, mais là c'est pas pour rigoler. Nyborg a inventé un virus, mais aussi son vaccin, un vaccin qui ne rend pas beau, mais qui rend normal (remarquez, pour certains, ce sera un vaccin qui fera rester vilain, mais bon...) Son objectif est de répandre ce virus dans l'atmosphère, via le vol inaugural d'un formidable avion, le "Global Ghost", qui fera le tour de la planète sans escale. Celui-ci répandra les miasmes de la maladie. Les gouvernements n'auront qu'a acheter le vaccin à Nyborg s'ils souhaitent protéger leurs populations.

Heureusement, 007 veille...

Mhmm, bon petit résumé d'une aventure haut en couleurs, sans temps mort et très prenante. Certes, il y a quelques passages à vides : ainsi, l'avion meurtrier, le "Global Ghost", est piloté par un robot qui est censé réduire en chair à saucisse n'importe quel être humain s'approchant de lui; pourtant il lui faudra 12 strips pour combattre James Bond et, surtout, se prendre une raclée.
Autre exemple : puisque nous sommes dans une aventure de 007, il y a forcément le fameux lot de nudité; en l'occurrence, la maîtresse de Nyborg se rhabille au strip 476... pour se retrouver de nouveau nue au strip suivant sans que l'on sache bien pourquoi.

Il y a également quelques clins d'oeil appuyés dont nous nous passerions bien, comme la plaque d'immatriculation de l'auto de 007 : JB007. Que de discrétion!

Et découvrir James Bond nu, ce n'est pas vraiment ce que l'on attend d'une BD pour les Mâles. Une référence à l'aventure Trouble Spot, déjà scénarisée par Lawrence, et dans laquelle 007 allait faire un tour chez les nudistes?


En tout cas, l'idée d'un méchant souffrant d'acromégalie est plutôt bonne, d'autant que tous ses hommes en souffrent également.

A noter qu'il s'agit de la dernière aventure d'envergure de James Bond, les 5 suivantes (et les dernières) ne dépassant jamais le cadre des 100 strips.
Armand Routin

avec l'aimable concours de Philippe FOURNET

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