jeudi 17 mars 2011

Moonraker

Vous rappelez-vous des frères Duke?

Mais si, les deux frères qui étaient cousins dans la série "Shériff, fais-moi peur"! Les deux ploucs héros de l'Amérique profonde, la véritable Amérique, celle de la Creuse et de la Corrèze réunies. Quoique, si vous vous souvenez bien, les deux zhéros avaient une cousine, Daisy, qui méritait le coup d'oeil, entre autre.

Bref, dans cette série culte chez les ploucs, il y avait toujours un narrateur qui nous expliquait l'histoire, au cas où un académicien hollywoodien aurait écrit le scénario, incompréhensible il va de soi. Eh bien! avec le comic-strip Moonraker, y a un peu de l'idée...


Alors, Moonraker, adapté du roman éponyme d'Ian Fleming, a été scénarisé par Henry Gammidge et illustré par John McLusky pour le Daily Express du 30 mars 1959 au 8 août 1959.

En l'occurrence, c'est James Bond, qui nous prend pour des gros nazes et nous explique, en nous regardant droit dans les yeux, qui est sir Hugo Drax.



Le coco, pardon l'aristo, triche aux cartes. Il est membre du même club que M, qui s'en est rendu compte. Cela ne peut pas continuer, d'autant que Drax est vénéré par les Britanniques. Homme richissime, il est à l'origine du projet Moonraker, une fusée atomique qui doit protéger l'Angleterre de toute attaque nucléaire. Pour les amateurs de Fantômas, dont McLusky doit faire partie, je vous laisse découvrir sa représentation du chef des services secrets britanniques...


Fantômas, ou l'homme invisible...

M propose à James Bond de découvrir comment Drax triche et de lui donner une bonne leçon.
La bonne leçon, c'est que 007 triche lui-même.
La grande classe.


Le lendemain, un drame bouleverse le site où est construit le Moonraker : le seul agent de sécurité (le seul Britannique, la secrétaire de Drax exceptée) est abattu par un technicien (allemand, comme l'intégralité des techniciens et assistants de Drax.) M envoie Bond mener l'enquête, ce que 007 fait à corps perdu.



James Bond découvre que Drax est en réalité en fieffé coquin doublé d'un Allemand, et réciproquement. Le Moonraker sera bien armé d'une ogive nucléaire, mais la fusée sera dirigée sur Londres. Et quand Bond l'apprend, Drax devient colère.



L'opération réussit. L'ogive est lancée, Londres est détruit et James Bond se retrouve au chômage. Terrible.

Mais non, c'est de l'humour! 007 intervient, modifie les coordonnées de l'ogive et sauve Londres. La Reine décide de lui octroyer une récompense, mais M refuse. Un brin jaloux, ce M...

Bref, James Bond entreprend de se récompenser lui-même en proposant la botte à la secrétaire de Drax. Mais elle lui présente aussi sec son fiancé. Pas de chance.
Et, beau joueur, 007 va se consoler au parc.
Rideau!


Armand ROUTIN
avec l'aimable concours de
Philippe FOURNET

vendredi 11 mars 2011

Vivre et laisser mourir


Au revoir Anthony Hern, bienvenue Henry Gammidge!
En effet, pour la seconde adaptation d'un roman d'Ian Fleming en comic-strip, un nouveau scénariste est recruté. Et le sieur Gammidge, il commence petit.
Mais revenons au départ. Live and let die (Vivre et laisser mourir, donc) a été publié dans les pages du Daily Express du 15 décembre 1958 au 28 mars 1959, soit 86 strips. Léger... C'est encore une fois John McLusky aux pinceaux.


A la différence de Casino Royale, l'histoire imaginée par Fleming estmoins connue, notamment parce que le film adapté du roman (rires dans la salle) s'éloigne bougrement de l'intrigue originale. En l'occurrence, des pièces d'or provenant vraisemblablement du trésor du pirate Harry Morgan circulent aux USA. Les services secrets britanniques soupçonnent un scélérat du nom de Buonaparte Ignace Gallia dit Mr Big, de faire entrer en fraude ces pièces et de les revendre pour financer les cellules communistes. Il faut que cela cesse! Bond est envoyé aux USA.

Il commence par se fondre dans la faune en se vêtissant à la manière américaine.

La mode anglaise :

Mais le costume américain ne lui porte visiblement pas chance :


Gammidge suit les grandes lignes de l'histoire de Fleming : la virée à Harlem de Bond et de Felix Leiter, l'agent de la CIA qui l'a épaulé à Royale-les-Eaux, puis le départ pour la Floride, et enfin l'arrivée aux Caraïbes. Mais du roman touffu et violent, Gammidge taille dans le vif pour ne conserver que l'essentiel, et encore...

Par ailleurs, l'aspect particulièrement raciste du roman est édulcoré. Mr Big est censé n'avoir pour sous-fifres que des Noirs. McLusky doit alors avoir des soucis pour reproduire ces personnages. Jugez plutôt ces trois hommes qui braquent 007 et Leiter :


N'empêche, l'humour de bon ton est toujours au rendez-vous. Ainsi, après que Leiter se soit fait dévorer un bras et une jambe par un requin, Bond se précipite à l'hôpital pour rejoindre son ami. Et quand un homme se fait charcuter un bras et une jambe, il ressemble évidemment à ça :


Une momie.

Cela dit, pas de grands commentaires à tirer de ce comic-strip. Il s'agit d'une honnête production, grâce à laquelle le scénariste fait ses gammes en évitant la censure. A noter toutefois que, si le nombre de strips est particulièrement réduit (deux fois moins que pour Casino Royale, alors que paradoxalement le roman Vivre et laisser mourir est un tiers plus long), McLusky s'améliore au fil des jours. Son style âpre et réaliste s'épanouit véritablement pour le plaisir des yeux.

Le duo se reformera pour une troisième adaptation, Moonraker.


Armand ROUTIN

un grand merci à Philippe FOURNET