lundi 12 septembre 2011

Anybody Can Die...chapitre II

...une sordide histoire de microfilm volé à récupérer. Pas de quoi fouetter un chat ni faire appel à un "00". Le dernier M ne l'estimait pas à sa juste valeur. Si cela continuait, il se retrouverait bientôt à assurer la protection de la valise diplomatique. Garde du corps d'une malette, une sacrée chute pour quelqu'un qui avait récemment sauvé le monde.



Tout est relatif, comme l'aurait dit un ami des Marx Brothers qui tirait la langue aux journalistes. Ladite mission réclamait un homme de terrain particulier, un homme pétri de culture hefnérienne. Le microfilm devait être échangé lors d'une Pyjama Partie organisée au manoir PlayBoy de Los Angeles. Seul James Bond, de tous les agents du MI-6, collectionnait les exemplaires de la revue aux longues oreilles. C'était un secret de polichinelle dont certains se servaient pour arrondir leurs fins de mois en vendant à Bond des numéros qui lui manquaient. Au terme de discussions acharnées, le magazine changeait de main et aboutissait dans une grande armoire blindée de son appartement de Chelsea. May avait toujours cru qu'il y déposait des documents ultra confidentiels protégés par le secret d'Etat. L'innocente !



Bref, 007 avait été désigné d'office. Il aurait bien aimé faire signer les dépliants centraux aux demoiselles qui animeraient la soirée, mais Hugh Hefner obligeait ses convives à venir vêtus de pyjamas. Difficile dans ce cas de transporter les revues. Avec un attaché-case à la main, il aurait tout simplement été ridicule et sa mission aurait pâti de cette attitude...



Il avait réglé l'affaire en 2 temps 3 mouvements et avait étudié, seul dans un coin, la Miss juillet 1998, Lisa Dergan, qui n'avait eu de cesse de lui faire du gringue de toute la soirée. Après chaque mission, Bond recevait 3 mois de vacances, c'était dans son contrat. Il avait proposé à cette beauté de séjourner une semaine dans son humble logis jamaïcain, Shamelady, mais Lisa avait un emploi du temps si chargé qu'il leur avait fallu se résigner à éxécuter au manoir tout ce à quoi ils auraient pu s'adonner là-bas. Ils avaient mis les bouchées doubles.



Une nouvelle bille de chocolat glissa le long de son gosier. Une verte. Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'il deviendrait millionnaire. James Bond ramassa un trombone dans la boite à gants, l'inséra à travers l'ouverture et rangea le paquet de confiseries dans le compartiment secret, au milieu du Smith & Wesson et des Mars et Bounty de la réserve. Puis il sortit de l'auto.



Sa rencontre avec Cecilia Quist n'avait rien eu d'original. De retour de la Pyjama Partie, 007 s'était couché pour se réveiller à 14 heures du matin. Une douche, le déjeûner. Il avait ensuite tenu à faire un tour dans la ville. C'est en savourant le plaisir d'une conduite sportive dans les artères principales de Los Angeles qu'il avait failli faucher la jeune femme.



Pour ce qu'il avait pu en juger avant qu'elle ne parte à la renverse, sa plastique impeccable nécessitait qu'il s'intéresse à elle. En gentleman donc, il s'était penché vers elle, l'avait recueillie dans ses bras et palpée consciencieusement en lui affirmant qu'il agissait pour son bien.



Si Cecilia Quist avait un teint de pêche, la douceur du fruit ne s'en retrouvait pas moins au toucher de ses joues aux pommettes saillantes. Séparée par une raie médiane, une chevelure d'un blond cendré sur laquelle se mouvaient des reflets argentés encadraient son visage en delta et s'écoulait en longues torsades sur ses épaules. Son nez fin était grec, peut-être un rien trop pointu, et bien que des dizaines d'hommes se soient noyées dans le lac des ses grands yeux bleu azur, il n'était pas rare pourtant d'y déceler une intarissable joie de vivre. Son sourire gai et léger n'effaçait pas l'impression de bon sens et de réfléchi qui se dégageait de sa petite personne, car Cecilia était petite, sans en être le moins du monde complexée pour autant.



De l'accrochage avec la Jaguar, il y avait heureusement eu plus de peur que de mal. Du fait de sa longue expérience, Bond n'avait pas tardé à amadouer la jeune femme et lui faire promettre qu'elle ne lui tiendrait pas rigueur de l'incident. Ils avaient sympathisé. Elle lui avait appris qu'elle s'apprêtait à quitter Los Angeles pour se reposer au fin fond de la Californie, chez des amis en voyage. Il lui avait proposé de l'amener, elle n'avait pas dit non...






AnyBody Can Die reviendra...sans aucun doute